1er tour des Interclubs nationaux à Haguenau


Quand la piste se reflète sur le ciel. À l’image du tartan haguenovien, il a fait grand bleu hier sur les deux ententes bas-rhinoises de N1. Le sourire était sur toutes les lèvres (ou presque), à commencer par celles des présidents, Roland Ponsot et Doris Spira, respectivement de l’ANA et du S2A.

À performances et destins similaires, discours similaires. « Nous sommes très satisfaits. Nous réalisons le meilleur total historique du club. » Légère variante pour la suite : « Espérons que cela suffira pour accéder à la poule de monter, malgré la bulle à la perche », lançait avec optimisme la seconde, là où le brin d’incertitude était lié à, non pas un zéro pointé, mais deux, à la perche aussi, et sur 3 000 m steeple, avec un non-partant, côté ANA. Ils sont en droit de briguer la montée

À vrai dire, le suspense était tout relatif. Avec 56 015 points et 53 440 points, ANA et S2A pouvaient guetter les scores des autres sites dans l’Hexagone avec sérénité. Respectivement 3e de N1B et 4e de N1C, ils sont en droit de briguer la montée dans quinze jours.

Quant aux records historiques malgré une et deux bulles, ils méritent explication. «Nos seconds athlètes ont été plus fort partout», précise Roland Ponsot, le coach savernois Claude Bouton ajoutant: «Nous avions souvent un très bon premier et étions à la traîne sur le 2e athlète. Désormais, ils sont plus proches. L’équipe a gagné en homogénéité».

Selon Doris Spira, «tous ont apporté 30 à 50 points de plus que les projections. Dès lors, on peut parler de simple contre-performance à la perche. Maeva Alves en est désolée et est venue s’excuser.»

Tout là-haut, c’est le risque. Le CTR Henrique Guerra dédouane son athlète autant que Thibault Bernhard pour l’ANA. «Il fallait avoir de la chance avec le vent. Les gars se sont échauffés vent dans le dos. Celui-ci a tourné. Thibault a lancé le concours et n’a pas eu le temps de s’adapter.»

Au cœur de la flopée de performances, jamais exceptionnelles en cette rentrée officielle, mais prometteuses pour la plupart, celles des fers de lance de l’athlétisme régional étaient particulièrement attendues.

Compaoré en rodage...

En l’occurrence, la journée avait débuté en fanfare avec, dès 11h30, le premier concours de triple saut de Benjamin Compaoré (S2A) depuis septembre et, notamment, sa blessure à la cuisse, mi-février. Un essai mordu et trois autres, très moyens, plus loin, dont le meilleur à 16,13m, le Wolfisheimois préférait arrêter les frais après concertation avec son entraîneur Jean-Hervé Stievenart.
«Ça ne venait pas. J’ai été très gêné par les rafales de vent à hauteur de la planche. Aucun saut n’est abouti. Je n’avais pas de reprise sur le cloche, je manque donc de vitesse et fini debout.»
À cinq jours de ses débuts en Ligue de Diamant à Doha, il reste néanmoins très positif. « Je suis satisfait de mes premières courses d’élan complètes depuis septembre. Bien au niveau du rythme, moins en termes d’intensité. Cela me servira à Doha où ce sera beaucoup mieux. À ce stade, il suffit de planter un essai et on gagne un mètre, voire plus. »

... Nicollin aussi

Sous les yeux de sa compagne Christine Arron et de sa fille Cassandre, Benjamin Compaoré a ensuite lancé 10,24m au poids, tout comme un Jérémy Nicollin (ANA) a atterri à 6,54m à la longueur avant sa rentrée en javelot.

Le champion de France y reprenait après son arthroscopie à l’épaule en septembre. Pas de quoi flamber, mais dans les objectifs du jour, avec 65,58m, devant son coéquipier Charly Guyetand (63,12m, puis 2,00m à la hauteur). «J’espérais mieux, mais l’épaule manque encore d’élasticité, et moi de compétition. Et puis, le travail physique actuel est effectué pour déployer un maximum d’énergie fin juin/début juillet.»

Fatiguée avec le décalage horaire des Bahamas encore dans les jambes, Céline Distel-Bonnet (S2A) a pourtant approché son record personnel de trois centièmes sur 200m (23” 33). Il est vrai qu’elle explore plutôt épisodiquement une distance sur laquelle elle sait disposer d’un bel avenir.

«Avec le décalage, j’ai bricolé toute la semaine à l’entraînement. J’ai pas mal travaillé le 200m en stage et ai trouvé de bonnes sensations qui m’ont manqué ici. Je n’ai pas trop aimé ma course.»

En revanche, elle a apprécié l’ambiance des interclubs et le fait de courir devant les siens. Son petit filleul en tête, qui a couru dans les bras de la sprinteuse tout sourire, sitôt la ligne franchie.

Plus tard, la Strasbourgeoise a remonté un trou d’une quinzaine de mètres sur 4X100m pour revenir à trois centièmes de Metz, meilleure équipe du jour.

Ce sourire, Mélanie Skotnik le retrouve de plus en plus. Au-delà d’une barre à 1,80m et de trois essais fort probant à 1,85m, la sauteuse du S2A revit et c’est un pas énorme. «Je me sens heureuse, grâce à Jacques Danail, un coach extra, très positif. C’est ce qu’il me fallait.»

Toujours dans le camp strasbourgeois, des éléments comme Laurie-Anne Yelbi (24” 71) et Benjamin Georg (21” 71) sur 200m, Ana-Isabel Schlagowski (2’12”32) et Benjamin Rubio (1’51”30) sur 800m, Caroline El Himer qui, sur 1 500m, explose son record d’une dizaine de secondes… une dizaine d’années après (4’38”68), n’ont pas perdu leur temps.

Et que dire du cadet Mohamed-Amine El Bouajaji, auteur d’un 3’49”79 pour sa rentrée sur 1 500m, même s’il rêvait de «réaliser d’emblée les minima pour les Europe», en moins de 3’46”.

Mayer a donné le ton

Dans le camp de l’ANA, le marcheur Florian Mayer est le seul à avoir cumulé plus de 1 000 points (21’35”76 sur 5 000 m), ce qui en dit long sur la fameuse homogénéité de l’ensemble par ailleurs. Avec Laura bekkouche (12” 26 sur 100m), Marie-Eve Kiefer sur 100m haies (14” 80), les sœurs tchèques Poschlova à la perche (3,90 et 3,80m), les Luxembourgeois Ben Bertemes (1’52”24 sur 800m) et Martine Mellina (4’36”12 sur 1 500m), l’Allemand Patrick Spinner (7,01m) à la longueur ou Elodie Mené (10’06”01 sur 3 000m).
Ainsi pourvus, l’ANA comme le S2A peuvent rêver à un bel avenir. Rendez-vous le dimanche de Pentecôte.

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