Championnat d'alsace





Les critiques, justifiées, ont fusé: horaire matinal, triple et longueur simultanés, condamnant l’un des deux au vent contraire, séries supprimées sur les haies hautes, empêchant les intéressés de s’exprimer à deux reprises. La principale avait toutefois le calendrier pour objet.

On ne peut courir deux lièvres à la fois. En rapprochant et en musclant, non sans fondement, ses rendez-vous de l’Alsace Athlé Tour, la Ligue a dénaturé ses championnats d’Alsace. Par bonheur, ils ont été quelques-uns à sortir la compétition de la léthargie qui guettait. Parmi eux, d’heureuses surprises, qui constituent donc un enrichissement, ce dont personne ne se plaindra.

«Pourquoi ne pas pratiquer ce sport tous les jours?»

Ainsi, le cadet Loïc Garcia (RAS) s’est libéré au dernier essai de la longueur (7,10m) pour confirmer ses 7,11m de Limoges fin mai, à 8cm du record d’Alsace de… Benjamin Compaoré. Le Savernois explique sa progression de 80cm en un an: «Au fil des compétitions, je prenais de plus en plus de plaisir. Alors, pourquoi ne pas pratiquer ce sport tous les jours ? Je me suis inscrit en sport-études à Nancy».

La surprise Lucas Mathieu
De même, qui, mis à part son environnement, aurait misé une pièce sur Lucas Mathieu (IBAL) au firmament du sprint alsacien? Le junior 1reannée lingolsheimois, totalement épanoui après une bonne année de doute, charpenté à souhait, a explosé son record sur 100m, en 10”86 pour dominer un Chek Touré (ASPTTS) à la moue significative (11”00) et un Félix Roussel (UST) philosophe, l’année de son retour (11”04 tout de même).
«Vu la concurrence, je suis étonné, même si Max ( Sirguey, 10”95 en série avec un bon départ, puis 22”13 sur 200m et un titre dédié à ses grands-parents dont il a raté les 60 ans de mariage ) et Ilies ( Tano, précautionneux car touché à la cuisse, 11”11 ) n’ont pas couru la finale. Ma remontée sur la fin m’a impressionné.»
Du coup, les France juniors l’attendent à la perche, évidemment (4,42m hier), mais aussi sur la ligne droite et en relais. Mais dès le week-end prochain, il découvrira Guéret et les France d’épreuves combinées. «J’ai passé 6000 points. Pour une première année, c’est bien. J’y vais pour me faire plaisir.» Aux côtés de Marion Klein, la compagne d’un Félix Roussel sur la bonne voie. «Le 100m me paraît encore long, mais c’est plutôt pas mal pour un vieux qui reprend», rigole-t-il. Vieux de 25 ans, rappelons-le.

De retour aussi, mais des États-Unis, Bachelor en poche, l’espoir Solène Bastien (RAS) s’est offert un doublé longueur/triple inachevé. En cause, un 5,45m contre le vent le matin, titillée à l’ultime essai par la Mulhousienne Pauline Piu (5,43m), et un 12,28m très présentable au triple, mais qui laisse la Savernoise sur sa faim. «Y’a pas plus frustrant comme discipline. Je mords plusieurs essais autour de 12,50m d’un rien.»

Valao encore
Au même moment, le Colmarien Selevasio Valao (ESRCAC) quitte l’aire de lancer du poids. «J’ai fait de la m…» Avec 16,83m, à 33cm de son record? Que demander de plus, surtout après son nouveau record d’Alsace junior au disque en fin de matinée (53,91m un mois après ses 52,62m)?
«Je repasse 2e au bilan français, mais je suis encore loin des minima pour les Mondiaux (57m). J’ai de la marge. En fin d’élan, je n’enchaîne qu’avec le haut du corps, pas avec la hanche.» À suivre.
La junior Juanita-Colombe Mekolo-Ngono (FCM) a en revanche amélioré son record au poids (12,70m). Les autres satisfactions du jour émanent des haies et du demi-fond. Les cadettes Manon Moser (CSSL) et Manon Terral (ACR) se sont poussées sur 100m haies (14”33 et 14”35). La junior Amélie Suss et la cadette Claire Bohly (FCH) en ont fait de même sur 400m haies (64”98 et 65”43).
Jellimann au bout du bout
Julie Lejarraga (UB) monte en régime et chatouille son record sur 800m (2’16”64), Radwane Bensalah (FCM) était ravi de descendre sous les 4’ sur 1500m (3’58”03) et veut exploiter sa dynamique du moment. Mais surtout, Elodie Jellimann (ASCS), dans la forme de sa vie et emmenée par Judith Taurel (ACR) en lièvre de luxe, a crevé la barrière des 4’40” (4’38”77), au bout du bout d’elle-même. «J’ai changé d’entraîneur. J’ai intégré un bon groupe. J’espère un jour approcher les 4’30”.»
Certains se révèlent, d’autres naissent à l’ambition à 25 ans passés: la vitalité de l’athlétisme alsacien à tous les étages.

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