Elle n’a jamais pris
part à une course ni même à une marche contre le cancer du sein. Bien
sûr, comme beaucoup, Brigitte Bohl a entendu parler de la
Strasbourgeoise, de la Haguenauvienne… « Cette année, c’est différent
parce que ma mère, Martine, est partie. C’est une cause qui me touche
personnellement. Je vais participer à la Savernoise (DNA du 07.10.2017) ,
qui se déroule à côté de chez moi à Saverne, pour elle, en pensant à
elle mais aussi à toutes celles qui combattent cette maladie », explique
l’habitante de Kleingoeft.
« Tout a commencé quand ma mère a
découvert une grosseur à l’un de ses seins. À l’époque, personnellement,
le cancer du sein je ne connaissais pas trop. Je me disais “ce n’est
pas possible que ce soit ça”. » La grosseur se révèle cancéreuse.
C’était en 2009.
Dès le début, Brigitte Bohl décide d’accompagner
sa mère, qui habitait Kleingoeft également, dans son combat contre la
maladie. « Elle avait besoin que je sois là. Et moi, ben c’était ma
maman. On était très proche. Ça m’a paru normal. Et je l’ai soutenue
quand le cancer est revenu, en 2014. »
La jeune femme l’accompagne
à tous ses rendez-vous, à ses séances de chimiothérapie. « Elle était
suivie par le centre anticancéreux Paul-Strauss de Strasbourg et par le
centre hospitalier de Haguenau », dit-elle.
Elle parle, dans un
jargon médical sans faille, de chimiothérapie, de radiothérapie ou
encore de récidive loco-régionale (persistance de cellules tumorales au
même endroit ou non loin de la tumeur primaire). « À force d’aller dans
les hôpitaux, d’être entouré par des médecins et des infirmières, on
finit par parler comme eux. Ils vous transmettent leurs connaissances et
leurs savoirs. Et moi, j’ai appris au fur et à mesure. » Elle poursuit :
« Quand on est confronté à la maladie, on apprend à décrypter une prise
de sang. On cherche à savoir quels seront les effets secondaires de
certains produits ou si la prochaine séance de chimiothérapie entraînera
la perte des cheveux. Savoir, c’est se préparer à affronter les choses.
D’ailleurs, je me suis rendu compte que, pour ma maman comme pour
d’autres patientes avec qui j’ai discuté, perdre ses cheveux est une
épreuve difficile. La chevelure est un élément esthétique important pour
les femmes. »
« C’est une cause dont on doit parler, à travers une course, un témoignage »
Dans
les salles d’attentes ou les chambres, « les patientes parlent entre
eux, mais aussi avec les accompagnants. J’ai eu l’impression qu’elles en
avaient besoin. » Brigitte Bohl relève que « quand ma mère a été
diagnostiquée, on lui a proposé un suivi psychologique et social ». La
maladie est une expérience éprouvante. « Personnellement, j’ai été très
encadrée par le corps médical, le personnel soignant. Même si parfois je
me suis sentie en colère ou démunie face à la maladie. »
Au
centre Paul-Strauss, des infirmières de coordination accompagnent les
patients tout au long de leur parcours de soins. « Je n’hésitais pas à
téléphoner si j’avais des questions. Et on m’appelait pour savoir
comment allait ma maman, entre deux chimiothérapies. C’était pareil au
service de soins palliatifs à Haguenau, on a toujours été accompagné. Il
est vrai que ma maman avait une personnalité plus qu’attachante. Et
puis, c’était une guerrière. Elle a dû affronter un cancer agressif mais
elle s’est battue jusqu’au bout. Elle est décédée en mars dernier, à
l’âge de 57 ans. »
Sa mère n’était pas porteuse du gène BRCA 1, à
l’origine de cancers du sein. « Aujourd’hui, je ne vois pas le cancer
comme quelque chose qui va forcément arriver. Comme toutes les femmes à
un moment donné, je serai amenée à être à l’écoute de mon corps et à
faire une mammographie. »
Si Brigitte Bohl témoigne, c’est pour
partager son expérience. Pour sensibiliser les femmes à cette maladie et
au dépistage du cancer du sein. « La communication, c’est très
important. C’est une cause dont on doit parler, à travers une course, un
témoignage. Tout le monde connaît directement ou indirectement une
personne atteinte d’un cancer du sein. Si mon histoire touche ne
serait-ce qu’une seule personne, qu’elle soit sensibilisée et se fasse
dépister, je serais contente. » Elle ajoute : « J’ai envie de m’investir
d’une manière ou d’une autre dans cette communication ». Précisant : «
Il m’arrive d’en parler autour de moi. Après, c’est mon histoire. Et
c’est vrai que cette cause, pour moi, est symbolique. Mais si chacun à
son niveau s’empare de cette maladie, cela pourrait aider les patientes à
parler plus librement et faire que la pudeur ne soit plus un frein pour
se faire dépister. »
Vendredi 20 octobre, Brigitte Bohl,
accompagnée d’une de ses amies, Élodie, participera à la première
édition de la Savernoise. Elle marchera pour soutenir la lutte contre le
cancer du sein. Elle a d’ailleurs fait confectionner un T-shirt en
mémoire de sa mère qu’elle portera ce soir-là. Et l’an prochain, elle
l’assure, elle participera à plusieurs autres courses.
La
Savernoise, course contre le cancer du sein et pour le bien-être des
malades, aura lieu vendredi 20 octobre, à 19 h 30. Départ de la course
de 5 km, doublée d’une marche, parc du château des Rohan. Inscription
possible jusqu’au 18 octobre par internet (www.le-sportif.com). Tarif :
10 €. Retrait des T-shirts et des dossards (quelques jours après
l’inscription) à la mairie dès ce samedi, de 10 h à 12 h, au château des
Rohan le mercredi 18 et jeudi 19 octobre, de 18 h à 19 h 30, ainsi que
le 20 octobre, de 17 h à 18 h 30.