Dédramatiser le cancer du sein

« Une femme sur huit est touchée par le cancer du sein au cours de sa vie », indique Stéphanie Jost, chirurgien au centre de lutte contre le cancer Paul-Strauss, à Strasbourg. Le cancer du sein est aujourd’hui le cancer féminin le plus fréquent. « Mais on peut en guérir. »
Et c’est bien là, tout l’enjeu de la conférence qui se tiendra le mercredi 4 octobre : dédramatiser le cancer du sein tout en vulgarisant les informations médicales relatives à cette pathologie et à ses traitements.

Les gens ont besoin d’un espace public pour discuter

Organisée en amont de la Savernoise, dans le cadre d’octobre rose (mois de sensibilisation du cancer du sein, ndlr), cette conférence réunira plusieurs médecins du centre Paul-Strauss. Des chirurgiens (les docteurs Carole Hild et Stéphanie Jost), un oncologue (le professeur Thierry Petit) et un radiothérapeute (le docteur Alexis Lépinoy). « Il s’agit des trois spécialistes qui interviennent dans le traitement d’un cancer du sein », souligne Stéphanie Jost. Relevant : « Parmi les personnes qui consultent au centre Paul-Strauss, certaines sont de Saverne ou de la région savernoise. D’où cette conférence à Saverne. » Pour cette Savernoise d’origine, il est « important d’aller au-devant des patients et de leur apporter des informations ».
De son côté, Jean-Pierre Jost, ancien cadre hospitalier à l’hôpital de Saverne à l’origine de la Savernoise, mentionne : « Il y a un centre de chimiothérapie à l’hôpital de jour de Saverne. » « Nous travaillons en partenariat avec les médecins de Saverne. Les séances de chimiothérapie se font sous l’égide du centre Paul-Strauss », poursuit Stéphanie Jost.
Mercredi soir, la conférence-débat entend avant tout « répondre aux questions des personnes présentes ». « J’ai déjà pris part à une conférence sur ce thème à Saverne, dans un autre cadre. Et cette rencontre avait attiré beaucoup de monde », assure le chirurgien. Des personnes sensibilisées par le cancer du sein : « On connaît tous quelqu’un, plus ou moins proche, qui a eu un cancer du sein ». Parmi le public, des femmes majoritairement, mais aussi des hommes. Et Stéphanie Jost de rappeler qu’« environ 1 % des cancers du sein touche les hommes ».

Les hommes aussi

Selon ses dires, lors de ce genre de conférence - débat, « les gens posent facilement des questions. Elles sont souvent assez vagues durant le débat, plus personnelles, à l’issue de la conférence. Aujourd’hui, on parle plus librement du cancer. Les gens ont besoin d’un espace public pour discuter ; on le voit bien sur les réseaux sociaux où ils s’affichent de façon très libre. »
Selon Stéphanie Jost, la question récurrente est « pourquoi moi ? » « Et c’est une question à laquelle il est difficile de répondre. Le cancer est une maladie multifactorielle. On ne peut pas dire faites ceci ou cela et vous n’aurez pas de cancer. Mais ce que l’on sait, c’est que l’activité physique diminue les risques de cancer et de récidive. C’est hyper important. C’est pour cela que des courses comme la Savernoise sont organisées. Il s’agit de sensibiliser les gens à la pratique d’un sport, la course ou autres. »
Stéphanie Jost insiste : « Il faut dédramatiser. Aujourd’hui, il existe toute une palette de traitements qui permettent aux malades de guérir. Il s’agit de traitements personnalisés, menés en accord avec le patient, qui est acteur de sa prise en charge. Bien sûr, il a un schéma classique : chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie. Mais tout dépend du patient et de son cancer. Par ailleurs un cancer du sein n’implique pas forcément une mastectomie. 70 % des femmes atteintes d’un cancer conservent leur sein. Et, en cas d’ablation d’un sein, on propose systématiquement une reconstruction. Mais seule une minorité de femmes souhaite une reconstruction mammaire. »

L’enjeu du dépistage précoce

Autre sujet à dédramatiser, l’hospitalisation. « Beaucoup de patients ont peur de rester quinze jours à l’hopital. C’est fini. La chirurgie du cancer du sein en ambulatoire est une pratique de plus en plus courante. Elle est pratiquée dans 40 % des cas », explique Stéphanie Jost, responsable de cette unité au centre Paul-Strauss, créée en 2015.
Reste qu’aujourd’hui, le cancer du sein touche majoritairement les femmes âgées d’une soixantaine d’années. Depuis 2004, un programme de dépistage national est organisé à l’attention des femmes entre 50 et 74 ans (sans symptômes et n’ayant pas de facteurs de risque particuliers de cancer du sein, autre que leur âge, ndlr). « La mammographie a lieu tous les deux ans chez un radiologue, n’importe lequel, et c’est gratuit. » Pourtant seules 60 % d’entre elles se font dépister. « Or une détection précoce permet de soigner plus facilement le cancer et d’augmenter les chances de guérison », assure le chirurgien. Un message qu’elle entend bien délivrer mercredi soir.
Mercredi 4 octobre : conférence-débat « Cancer du sein : vos questions », à 18 h, salle Marie-Antoinette au château des Rohan de Saverne. Gratuit, sur inscription au ✆ 03 88 25 85 21.

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